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AMIS DE LA TERRE FRANCE - Groupe Effondrement sociétal

Historique

Création en juin 2018 lors de l'Assemblée Fédérale, suite à l'amendement “Effondrement” proposé à ATNB au plan triennal. Lors de l'AF, la plupart des participants considéraient que le sujet était important et qu'il devait être travaillé mais que ce sujet n'avait pas sa place dans le plan triennal. Un groupe de travail national “non thématique” à été créé et 10 personnes s'y sont inscrites à ce moment. 2 personnes l'on rejoint par la suite.

Animation du groupe : Marc Pleysier (ATNB)

CR des réunions du groupe.

Bibliographie

Objectifs

  1. S'assurer d'une compréhension claire du sujet en interne et adopter des définitions communes.
  2. Evaluer ce risque d'effondrement et celui d'autres scenarios possibles.
  3. Définir la position officielle des AT sur le sujet ainsi que la stratégie et la communication correspondante.

De quoi parle-t-on ?

Attention, les définitions suivantes sont des propositions du groupe de travail. ELLE NE SONT PAS ENCORE VALIDEES PAR LA FEDERATION

Effondrement : baisse importante et rapide d'un niveau établi de complexité socio-politique (Tainter) qui se traduit concrètement par la perte rapide et potentiellement irréversible de certains des services de base fournis par des services publics encadrés par la loi et à l'ensemble de la population: eau potable, alimentation, énergies, état de droit, internet… (Y Cochet).

Il faut distinguer crise, déclin et effondrement. Alors qu'après une crise, il y a un retour à un état proche de l'état antérieur, l'effondrement est irréversible ou nécessitera un temps beaucoup plus long pour un retour à un état proche de l'état antérieur, se qui rend se retour d'autant plus hypothétique. Un déclin est une dégradation suffisamment lente pour être observable, pour que sa dynamique soit comprise, pour que ces effets soit éventuellement prévus et pour que les institutions s'adaptent au fur et à mesure. La vitesse de l'effondrement provoque des “turbulences”, du chaos, de l'imprédictibilité et rend l'adaptation d'autant plus difficile que l'inertie est forte.

Civilisation thermo-industrielle : l'ensemble des sociétés industrielles, c.a.d. celles qui utilisent les énergies fossiles pour alimenter une forte activité économique, faisant passer cette dernière du stade artisanal au stade industriel. Elles se caractérisent par une grande complexité organisationnelle et modifient profondément leur environnement, la faune, la flore, les paysages.

Effondrement de quoi ? : de la civilisation thermo-industrielle. L'effondrement de la biodiversité (humains et non-humains), même si elle est provoquée en grande partie par la civilisation thermo-industrielle, est ici pris comme une des causes.

Quelle rapidité ? : Il y a effondrement quand la vitesse de dégradation est supérieure à la vitesse d'adaptation. Concernant les sociétés industrielles, la vitesse d'adaptation des institutions est de l'ordre de quelques décennies, ce qui est rapide comparé à la plupart des autres sociétés. On peut considérer que l'effondrement d'une société industrielle devrait se produire en une ou plusieurs décennies pour être considéré comme tel. L'effondrement de la civilisation thermo-industrielle résulterait de l'enchaînement d'effondrement des sociétés industrielles qui la composent, il serait donc nécessairement plus long et dépendrait de la rapidité de l'effet domino (l'effondrement d'une société industrielle entraînant celui des autres).

Résilience: capacité d'un écosystème, d'un habitat, d'une population ou d'une espèce à ne pas s'effondrer après avoir subi une perturbation importante. La résilience d'un système est favorisée entre autres par son hétérogénéité, sa capacité d'autonomie, sa vitesse d'adaptation, sa capacité à se remettre en cause (Diamond) et sa sobriété.

Transition : mouvement ayant pour objectif la transformation progressive de nos sociétés industrielles en sociétés soutenables, c.a.d. ne dégradant pas le milieu naturel qui leur permet d'exister.

Les scenarios possibles

Les scenarios suivants sont pour le moment identifiés de manière exclusive, la réalité sera probablement une combinaison de plusieurs d'entre eux.

Statu-quo : la civilisation thermo-industrielle réussit à continuer sur sa voie sans s'effondrer : croissance économique, développement technique, libéralisation, croissance des inégalités, transhumanisme, etc. Les limites qui motivent la transition ou font craindre l'effondrement seraient surévaluées, erronées ou inexistantes.

Transition écologique et sociale : le mouvement de la Transition réussit à transformer les sociétés et à éviter l'effondrement. Les AT décrivent ce scénario comme souhaitable dans le texte “Pour des Sociétés Soutenables”.

Effondrement de nombreuses sociétés humaines : Des effondrements d'ampleur potentiellement planétaire se produisent à des échéances plus ou moins proches voire contemporaines, et de manière plus ou moins rapide.

Miracles : Des événements imprévus extraordinaires (révolutions scientifiques, sursaut humain, salut divin, secours extra-terrestre, etc.) permettent à nos sociétés de dépasser les crises écologiques et sociales et donnent aux sociétés humaines une orientation différente des 3 autres scénarios.

Etat des lieux

Objectif de cette section : Définir pertinence et probabilité de réalisation des différents scénarios, en s'appuyant sur les travaux existants sur le sujet. L'état des lieux doit servir à décrire la situation, pas à la démontrer.

Statu-quo : Déjà abondamment documentée, cette voie est insoutenable à long terme et dés à présent insatisfaisante. Le groupe n'a pas vocation à détailler cette insoutenabilité qui est déjà acquise au sein des AT.

Transition écologique et sociale: Les AT posent de nombreuses conditions au succès de la transition écologique et sociale, développées dans le texte Pour des Sociétés Soutenables, ce qui la rend d'autant plus incertaine. Il s’agit notamment de lois internationales, de la stabilisation de la population mondiale, de la relocalisation des activités ou encore de la prépondérance des solutions politiques portées par les citoyens sur les pouvoirs économique et financier.

Cette voie est un phare qui nous éclaire depuis presque un demi siècle. Il est malheureusement manifeste que nous ne nous approchons pas de l'objectif :

  • Si la connaissance et la prise de conscience semblent progresser chez les différents acteurs, politiques, économiques, citoyens, seuls quelques acteurs compétents et sérieux s’y intéressent et le travail réalisé sur la question est insuffisant ;
  • Si de nombreuses initiatives existent à de petites échelles, il n'existe que peu ou pas d'actions efficaces aux échelles nationales et internationale ;
  • De puissants adversaires sont à l’œuvre pour saper toute transition réelle avec des moyens éprouvés: achat de médias, lobbying, attaques juridiques, harcèlement, diffamation, désinformation (ex: négation du dérèglement climatique ou contestation de la cause anthropique ; possibilité d’une croissance verte ; …), etc. ;
  • Les associations et partis politiques ne parviennent pas à expliquer et porter la nécessité de transition (à la hauteur des enjeux), y compris en interne ;
  • La coordination internationale et la démocratie sont en diminution dans le monde, entrainant une augmentation des risques de conflits ;
  • La difficulté qu’ont les humains à admettre la réalité de la situation actuelle, probablement en raison de blocages psychologiques et cognitifs. Ceci est notamment dû à la nature abstraite des problèmes, dont les effets sont éloignés dans le temps et l'espace, les rendant alors difficiles à appréhender. Dès lors, l’assimilation de certaines réalités sont difficiles, telles que la dichotomie météo/climat, la “finitude” des ressources, l’importance de la biodiversité, la nécessité du partage du travail et des ressources ou encore l’inaptitude des solutions proposées à maintenir le niveau de vie actuel tout en prétendant être plus respectueuses de l’environnement (ex: éoliennes ; voitures électriques ; développement durable ; croissance verte ; …).

Effondrement de nombreuses sociétés humaines : Le risque d'effondrement de nos sociétés industrielles semble, d'une part, réel, et d'autre part, en augmentation. Si ce scénario est de plus en plus étudié et évoqué, il ne l’est que depuis quelques temps, particulièrement au sein du mouvement écologiste. Or, ce sujet doit être évoqué puisque le risque d'effondrement est accru par le déni général, créant un « effet auto-réalisateur »: le fait de ne pas y croire renforce son inéluctabilité.

Le début d'un effondrement est par définition très difficile à établir, surtout depuis l'intérieur. La première question est alors de savoir si effondrement de la civilisation thermo-industrielle a déjà commencé.

C'est la succession de crises, leur ampleur et leur irréversibilité partielle qui constituent un effondrement. Au milieu d'une potentielle succession de crises, on en connaît mal le domaine affecté, l'ampleur, la durée et l'irréversibilité ce qui entraîne la difficulté à constater la présence d'un effondrement en cours. Néanmoins, si nous pouvons déjà considérer que certaines sociétés industrielles sont en déclin (inégalités croissantes ; services en régression ; démocratie de moins en moins effective ; etc), il est moins évident que certaines se soient déjà effondrées au sens systémique.

Le risque d'effondrement de la civilisation thermo-industrielle augmente avec la dégradation des conditions matérielles nécessaires à son fonctionnement. Les dégradations suivantes sont en cours, sont arrivées à un stade critique et il n'y a pas de réelle perspective d'inversion de tendance :

  • La raréfaction des ressources et la baisse des rendements d'extraction (pétrole ; gaz ; nickel ; chrome ; cobalt ; phosphore ; etc.)
  • La diminution drastique des stocks et bio-diversité animale et végétale ;
  • L’acidification des océans, la destruction du plancton et des coraux ;
  • L’artificialisation et la pollution des sols ;
  • La dispersion des polluants (plastiques ; produits chimiques ; résidus d'extraction minière ; etc.) ;
  • Le dérèglement climatique: le réchauffement actuel de 0,8°C atteindrait 1,5°C si toutes les émissions de gaz à effet de serre étaient arrêtées aujourd’hui, la trajectoire actuelle est de +3 à +4°C d’ici 2100 ;
  • La fragilisation des systèmes financier et économique, qui ont pour l'instant subi des crises, mais dont la résilience est de plus en plus faible. Cette fragilité est notamment due à l'interconnexion extrême entre les acteurs, infrastructures, institutions qui rend le système très vulnérable aux crises. Le système a gagné en efficacité au prix de la perte de la résilience: si un des organes périclite, les autres sont aussi touchés par un système de contagion.

La forte dépendance des sociétés industrielles à l'énergie et aux ressources naturelles, la décroissance des rendements et la fragilité systémique rendent inéluctable un changement profond de fonctionnement de ces sociétés, plus ou moins subi selon l'efficacité des démarches d'adaptation entreprises.

Miracles : les propositions sont très nombreuses mais ne peuvent être ni confirmées ni infirmées en raison de leur nature propre et/ou de leur caractère imprévu et extraordinaire. Les AT, organisation laïque et pragmatique, n'espère rien de ce coté là et n'a pas vocation à étudier ces possibilités.

Au vu de ces différents constats, le scénario de l'effondrement semble être le seul fortement probable, bien qu'il soit hautement imprévisible, dans son déroulement, son ampleur, sa durée ou son échéance.

effsoc/gtatf/entree.txt · Dernière modification : 2023/06/29 05:11 de 127.0.0.1